La Couronne et le Grand Oeil

Les choses à savoir

La Couronne et

le Grand Oeil

Les battements d’ailes membraneuses du destrier volant du seigneur des Nazgûls faisait claquer l’air lourd et nauséabond qui flottait sur les plaines du Mordor. Le Roi-Sorcier menait sa monture hideuse tout droit vers Barad-Dur. La tour ténébreuse couronnée par le grand œil nimbé de flammes était comme un phare sinistre dans la noirceur de cette contrée désolée. Elle irradiait d’une lueur plus inquiétante encore que l’ombre la plus froide. Il y avait dans cette splendeur menaçante une aura hypnotisant ceux qui y attardait leurs regards. Le Roi-Sorcier ne coupait pas à cette impression. L’œil de Sauron l’obnubilait, le possédait, le manipulait. Et ce depuis si longtemps, que l’ancien roi Numénoréen n’avait plus aucun souvenir de ce que fut son existence jadis. Avait il été bon ou juste avec son peuple ? … avait il été vaillant et victorieux dans des batailles qui eurent fait sa notoriété ? … Eut-il une descendance radieuse qui honora son souvenir et transmit son nom? … Le déchu servant de l’Unique ne se posait plus ce genre de question depuis des lustres. Un gouffre d’oublis et de haine avait tout avalé ne laissant en place que ce qui siégeait sous sa couronne d’acier : le néant et la mort. Ce qu’il fut n’était même plus un souvenir. Ce qu’il était désormais en revanche bouillonnait d’une rage sourde et inaltérable au fond de son âme corrompue. Le Roi-Sorcier vouait une haine destructive pour l’ensemble des peuples libres.

Quelques heures plus tôt, La bataille d’Osgiliath qui s’était achevée sur une victoire. Certes cette victoire avait été en demi-teinte puisque les hommes se montrèrent particulièrement combatifs et déterminés. Mais le plus important n’était-il pas que l’ombre jamais ne recule sur les terres des hommes qu’elle leur arracha. Tel était le lot de ceux qui servait le Mordor. Annihiler et anéantir tout espoir dans le cœur de la terre du Milieu. Le Roi-Sorcier était à ce titre un fer de lance. Quand il s’agissait de dévaster une terre fertile et souriante, il redoublait toujours de cruauté et de brutalité.
Osgilitah avait été gardé sous le contrôle des forces de Minas Morgul. Il était temps pour le plus haut gradé des capitaines du Mordor d’aller en faire le rapport au seigneur de Mal. Le Roi –Sorcier se rendait toujours avec enthousiasme auprès de son maître. Bien que celui-ci soit la cruauté et la haine personnifiée, Le Roi-Sorcier vouait à son seigneur une admiration et une fidélité inégalable. Alors se rendre à Barad-Dur pour rapporter une victoire sur le Gondor ne pouvait que renforcer encore le sentiment de fierté et de puissance que le seigneur des Nazgûls éprouvait.
L’ombre ailée, aborda les pieds anthracite de la grande tour. Les circonvolutions aériennes que la créature exécutait lui permirent de lentement planer sur les courants chauds et de s’élever tours après tours jusqu’au sommet.
Le Roi-Sorcier se trouvait alors face au grand œil infernal à qui il présenta respectueusement ses salutations en s’inclinant sur la scelle de son destrier volant. Puis choisissant ses mots avec soin, il dit au Seigneur du Mordor.

« Ô mon Maître! Des ténèbres invincibles, voici votre serviteur qui s'avance. »

Le Roi-Sorcier hésita un instant à annoncer sans autre procédé d’introduction ce qui s’était passé à Osgiliath. Mais il se ravisa et préféra attendre que son suzerain en exprime le désir.