Rencontre fortuite au milieu d'une place bondée ~ Korîs ft. Thorïn III

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Rencontre fortuite au milieu

d'une place bondée

Korîs ft. Thorïn III

Le monde semblait beau aujourd'hui. Le ciel était bleu et le soleil rayonnait dans toute sa splendeur. Chacun était à la fête ce jour là. En effet, la fête de la récolte était arrivée et la plus immense des places de Dale avait été investie par la foule euphorique. Les musiciens jouaient leurs plus joyeuses chansons, les enfants couraient partout dans les jambes des adultes et ceux ci dansaient au rythme joyeux des notes qui emplissaient la ville.
Le roi de Dale, Brand était accompagné de toute sa famille, et même le roi nain Daín II était présent. Ils étaient tous en train de festoyer sur un estrade surélevée au fond de la place. De nombreuses tables étaient également disposées tout autour de la place et le petit peuple festoyait de même que les grands nobles. Korîs, elle, se fondait parmi les humains et les nains qui faisaient la fête.

La demoiselle naine dansait aux côtés du petit peuple. Parfois elle acceptait de danser avec de jeunes et vieux nains, des adolescents humains et même des petits enfants. Ceux ci couraient tout autour d'elle avant de s'en aller dans la foule. Vêtue de sa magnifique robe bleue qui ondulant autour de son corps semblait faite de fumées, elle semblait refléter le ciel et chaque fois qu'elle bougeait son collier de verre bleu brillait avec la lueur du soleil. Mais bien sûr, la demoiselle avait aussi chaud que tous ses compères dans la foule car ils étaient tous serrés les un contre les autres. Korîs allait donc s'asseoir, car danser avec la populace avait beau être très amusant, c'était aussi très fatiguant.
Elle se dirigea vers une table quand un homme à capuche vêtu de noir la bouscula et lui arracha son collier. Korîs en eu le souffle coupé et elle s'apprêtait à poursuivre son voleur quand elle trébucha sur un enfant et se rattrapa à un nain tout en le bousculant un peu lui aussi.
« Oh, je suis navrée, commença-t-elle. »
Elle ne regardait pas vraiment son interlocuteur mais cherchait plutôt son voleur qui s'était évanoui dans la foule. Korîs soupira puis releva le regard vers la personne qu'elle avait bousculé.

Ps:

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« Rencontre fortuite »

En ce jour de fête de la Moisson, Dale résonnait de chants et de rires. Si les Nains ne célébraient pas ce genre de fête, les humains, eux, n'y manquaient pas. En tant que proches voisins et alliés, Dáin II et son peuple avaient été invité à gagner Dale pour célébrer les récoltes avec Barde et les siens. Ça et là, des groupes dansaient aux sons des instruments ; les chopes s'entrechoquaient tandis que rire et plaisanteries s'élevaient dans les airs. Tandis que les adultes étaient attablés ou amassés en petits groupes, les enfants jouaient et courraient entre les convives, leur jeunesse résonnant au cœur de la fête. Accompagné de son père, Thorin avait donc chevauché jusqu'à Dale pour se joindre à la fête. S'il n'était pas en grand fêtard, il savait cependant profiter de la fête, bien que celle-ci ne le touche pas autant que celles que les nains pouvaient célébrer.

Et, tandis que son père le Roi était attablé aux côtés de Barde - occupé à clamer ses meilleures anecdotes - le Prince sous la Montagne s'était levé pour se mêler un peu plus à la foule. Il regardait les enfants courir avec des yeux protecteurs, lui qui n'en avait encore jamais eu. Chez les nains, les naissances étaient rares, et les enfants avaient droit à toutes les attentions tant ils avaient de valeur pour le peuple sous la Montagne. Il était rare qu'une famille ait plus d'un ou deux enfants, aussi étaient-ils étroitement protégés. Difficile pour les familles de laisser leurs fils partir à la guerre lorsqu'il a été si difficile de les avoir. Évidemment, les temps de paix actuels étaient propices à une enfance sereine, mais chacun savait que - tôt ou tard - il faudrait repartir pour défendre le Royaume. Et ce jour-là, aussi difficile que cela puisse être, les mères devraient laisser partir leurs enfants, fiers d'être des guerriers au service de leur Roi.

C'était en songeant à cela que Thorin fut interrompu quand une jeune femme se rattrapa à lui, ayant sans doute trébuché. Tiré de ses pensées, il se dépêcha de soutenir la malheureuse qui manqua de se retrouver par terre. Et, tandis qu'elle se redressait et levait les yeux vers lui, il lui sourit. Il n'y avait rien de grave, elle ne s'était sans doute pas fait mal, et cela lui apprendrait à rester vigilant à son environnement. Après tout, si la fête semblait pleine de sérénité, il restait l'héritier d'Erebor, et quiconque voulait lui faire de mal chercherait un moyen de l'atteindre. Mais qu'importe, ce n'était pas le soucis actuel. Attrapant doucement la jeune femme - qui s'avérait en fait être une naine - par le bras, Thorin lui demanda alors d'une voix sereine :

─ Pas de mal ?

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Korîs se fit rattrapée par la poigne de fer du nain qui se fit douce pour la remonter. Elle ne reconnu son interlocuteur que lorsqu'il lui sourit doucement en lui demandant si elle allait bien. Korîs devint rouge pivoine, gênée d'avoir bousculé le prince d'Erebor.
«Non, non. Je vais parfaitement bien, je vous remercie prince. Je dois vous avouer que je ne vous avait pas reconnu sur le coup, s'excusa-t-elle encore une fois.
Tout en époussetant sa robe, la jeune naine cherchait des yeux le voleur. Mais elle ne le voyait toujours pas.
- Je ne crois pas m'être présentée, dit elle avec un sourire léger. Je me nomme Korîs, ravie de faire enfin la connaissance du prince sous la montagne. »
Elle espérait ne pas avoir froissé Thorïn mais il semblait qu'il le prenait plutôt bien. C'est alors qu'elle aperçu la capuche sombre du voleur entre deux têtes. Elle hésitait à le poursuivre mais laisser ainsi le prince sous la montagne alors qu'elle venait de le bousculer serait très malpoli. Alors elle resta là, prenant son mal en patience.

Korîs allait demander au prince pour quoi n'était il pas en compagnie des autres nobles sur l'estrade mais cela serait comme se demander pour quoi elle n'y était point. Le petit garçon qui l'avait bousculée revint vers elle et s'écria ;
« M'dame Korîs ! M'dame Korîs ! Ça va ? Vous êtes tombée ? »
Puis, tiré par ses amis, il la salua de la main avant de retourner courir dans tous les sens. Korîs aimait beaucoup les enfants mais qu'est ce que ça devait être de devoir s'en occuper tout l'an. Elle plaignait les mères de ces enfants mais les enviait aussi car elle aurait bien voulu savoir ce que cela faisait de s'occuper de la chair de sa chair. Elle retourna finalement son attention vers le prince Thorïn.
« Je trouve que c'est une très bonne intention de la part du roi Brand de nous avoir invité pour la fête des récoltes, pas vous ? Il est vrai que nous n'avons pas de fête comme celle ci, mais je préfère quand même nos cérémonies sous la montagne, remarqua-t-elle en souriant.»

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Lorsque la jeune naine reconnu le nain à qui elle s'était raccroché, elle rougit, avant de répondre :

─ Non, non. Je vais parfaitement bien, je vous remercie prince. Je dois vous avouer que je ne vous avait pas reconnu sur le coup. Je ne crois pas m'être présentée, dit elle avec un sourire léger. Je me nomme Korîs, ravie de faire enfin la connaissance du prince sous la montagne.

Tant qu'elle époussetait sa robe, Thorin sourit. Si les nains n'avaient aucun mal à trouver leur place en sa compagnie, les naines étaient bien souvent moins à l'aise, comme hésitante. Pour autant, il ne souhaitait pas voir son statut interférer dans les relations qu'il pouvait entretenir, ou du moins le moins possible. Ce disant, la dénommée Korîs fouilla la foule des yeux, fronçant les sourcils ; comme si elle cherchait quelque chose. Néanmoins, après qu'un jeune garçon soit venu la trouver, elle reporta son regard sur Thorin :

─ Je trouve que c'est une très bonne intention de la part du roi Brand de nous avoir invité pour la fête des récoltes, pas vous ? Il est vrai que nous n'avons pas de fête comme celle ci, mais je préfère quand même nos cérémonies sous la montagne.

Un léger rire sorti de la gorge du prince, qui fut amusé d'entendre parler des différences de traditions. Il était certain que les Hommes savaient faire la fête - à leur manière - mais ce n'était rien en comparaison des grands rassemblements que les nains organisaient parfois en l'honneur d'un Roi ou d'un membre du peuple. Si la réputation des fêtes naines n'étaient plus à faire, très peu d'étrangers avaient eu la chance de pouvoir y participer. Les nains étaient un peuple assez exclusif lorsqu'il s'agissait de leurs traditions, et plus encore lorsqu'ils s'agissait de boire jusqu'à n'en plus pouvoir. Thorin lui-même devait avouer qu'il avait plus d'une fois oublié ce qui s'était passé, mais c'était ainsi. Il aurait été mal vu qu'un Roi nain n'ai jamais profité de la fête jusqu'à plus soif. D'un ton amusé, il répondit donc :

─ Il est certain que nous n'avons pas la même manière de faire la fête. Quoi qu'il en soit, c'est une marque d'amitié que le Roi Bard nous fait là.

Puis, tandis que la foule s'animait, il posa son regard dessus, cherchant à savoir ce qui avait capté l'attention de la jeune naine. Toutefois, il eut beau scruter les foules amassées, il ne découvrit rien de suspect, ne sachant que chercher. Il demanda donc d'un ton plus sérieux :

─ Puis-je vous demander ce qui occupait votre attention à l'instant, Korîs ?

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Le prince laissa échapper un léger rire à sa remarque puis lui répondit dans un sourire
« Il est certain que nous n'avons pas la même manière de faire la fête. Quoi qu'il en soit, c'est une marque d'amitié que le Roi Bard nous fait là. »
Korîs était parfaitement d'accord avec le prince sur ce point là. Ce n'étaient pas eux, les nains, qui auraient invité des étrangers à une fête même s'ils étaient proches amis et alliés. Dans tous les cas, le prince semblait avoir remarqué que Korîs cherchait quelqu'un dans la foule. Lorsqu'il lui posa la question sur qui s'attirait son attention, la naine lâcha un soupir désespéré en portant machinalement la main à son cou, la où se nichait habituellement son pendentif. Elle se mordit la lèvre et répondit.
« Lorsque je vous ai bousculé je poursuivait quelqu'un qui venait de m'arracher mon collier. Et c'est cette personne que je cherche dans la foule
Korîs avait peur qu'il lui ait brisé son pendentif. Il avait beau ne pas être fait de pierres précieuses et n'avoir pas grande valeur, elle y tenait comme à la prunelle de ses yeux. Le sourire de la naine s'était évanoui pour une moue inquiète et agacée. Elle cherchait toujours car il avait à nouveau disparu dans la foule lorsqu'elle le vit à nouveau. Cette fois ci elle ne se retint pas et s'écria ;
- Là bas ! C'est lui ! »

Elle remonta ses jupons jusqu'au genoux et, lançant un "désolée ! " à Thorïn se mit à courir après le voleur. Cette fois ci, elle ne comptait pas le laisser partir, mais elle espérait ne pas avoir vexé le prince. En tous cas, qu'il ait mal pris le fait qu'elle l'ait abandonnée ainsi ne lui était pas le plus important pour l'instant. Tout ce qu'elle souhaitait c'était récupérer son collier.
Mais elle ne courait pas très vite et, en faisant tomber sa broche qui lâcha sa chevelure châtain, elle lâcha un juron nain fort peu gracieux avant de continuer à courir. Korîs faillit foncer dans d'autres personnes plusieurs fois mais elle les esquiva cette fois avant d'arriver dans une ruelle où elle avait suivit le voleur. Essoufflée, elle s'arrêta à l'entrée de la ruelle, estimant les dangers qu'elle encourait si elle entrait dans celle ci désarmée et qui étaient forts nombreux il fallait l'avouer.

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─ Lorsque je vous ai bousculé je poursuivait quelqu'un qui venait de m'arracher mon collier. Et c'est cette personne que je cherche dans la foule

Ce disant, la naine soupira en portant une main à son cou. Thorin ne savait si le collier avait de la valeur, mais il représentait forcément quelque chose pour la jeune femme, ce qui ne pouvait que l'attrister. C'était regrettable de voir que certains pique-assiettes profitaient d'un moment de fête et de convivialité - où le Roi Bard offrait un repas à qui voulait - pour tenter de remplir leurs poches.

─ Là bas ! C'est lui !

Avant même que le Prince sous la Montagne ait eu le temps de dire quoi que ce soit, Korïs s'excusa avant de partir à la poursuite de son voleur, ses jupes remontées pour ne pas se prendre les pieds dedans. Pour un peu, la scène aurait presque été comique, si ce n'avait pas été une histoire de vol. Sans quitter la jeune femme des yeux, Thorin se lança à sa suite d'un pas ample, faisant par la même occasion signe à quelques nains qui se trouvaient non loin. Korîs s'éloignait de plus en plus, mais il parvînt à la rattraper à l'entrée d'une ruelle sombre. Une odeur d'humidité et de moisissure s'élevait de l'étroit passage, laissant imaginer ce qui pouvait se trouver aux alentours. Elle n'avait rien d'une jolie ruelle dans laquelle on passait pour admirer les bâtisses. Non, c'était forcément là un repère de malfrats. Retenant la naine d'un bras, Thorin déclara alors d'une voix ferme :

─ Ce n'est pas un endroit pour vous, Dame Korîs. Laissez moi m'en charger avec mes nains. Dites-moi seulement à quoi ressemblait votre voleur.

Après quoi, il s'enfoncerait dans l'étroit coupe-gorge avec ses gardes, et irait chercher le malfrat concerné, qu'il ramènerait à Dame Korîs. Et s'il avait le malheur d'avoir perdu le collier, alors il lui en coûterait cher. Le Prince sous la Montagne n'avait rien contre les pauvres gens - bien au contraire - mais il n'avait aucune pitié pour les voleurs et les malfrats des sombres ruelles.

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Korîs sentit une main ferme se poser sur son bras et elle tourna rapidement vers la personne qui l'avait attrapée et qui n'était autre que le prince Thorïn qui semblait l'avoir suivie dans sa course.
« Ce n'est pas un endroit pour vous, Dame Korîs. Laissez moi m'en charger avec mes nains. Dites-moi seulement à quoi ressemblait votre voleur. »
La demoiselle ne savait que répondre. Fallait-il le remercier comme le ferait toute bonne dame ? Ou bien s'offusquer du fait qu'il la pensait faible ? La première option aurait été plus courtoise, mais Korîs était une demoiselle têtue et fière qui ne supportait pas que quelqu'un la sous estime et encore moins qu'on lui donne des ordres. Alors la naine secoua légèrement son bras pour qu'il la lâche, planta ses yeux bleus dans ceux du nain et lâcha d'un ton dans lequel pointait une légère rébellion alors qu'elle aurait dû obéir au prince ;
« Je ne supporterait pas que l'on me sous estime ainsi, ni que l'on me donne des ordres, serai-ce le fait que vous êtes prince je ne l'accepte tout de même pas à moins que cela soit à d'autres sujets. Si je souhaite me rendre dans cette ruelle, je le ferais, et d'ailleurs, je vais le faire !
La naine se dirigea vers une table et attrapa un long pique à brochette effilé dont la viande avait été depuis longtemps dévorée. Elle avait laissé sa robe traîner dans la boue, résignée à la salir s'il le fallait. Korîs retourna à l'entrée de la ruelle et serra le pique dans sa main gauche.
- Si l'envie vous en prend de me suivre, faites le. Je n'en ai cure, lança t elle au prince en haussant les épaules. »

Korîs entra dans la ruelle. Il y faisait un froid de canard, chaque poil de la naine s'était hérissé lorsqu'elle vit une ombre passer au fond, contre les murs sales des bâtiments. La demoiselle s'avança prudemment, regardant chaque détails, chaque chose qui aurait pu l'agresser. Elle ne su si le prince l'avait suivi. Au fond, elle aurait bien aimé, elle se sentait plutôt mal à l'aise ici. Mais elle était Korîs l'insoumise et l'entêtement des nains était dans ses gènes.
Elle pensait à cela lorsqu'une forme sombre lui sauta dessus, lui agrippant le poignet droit. La naine fouetta le visage de la personne qui l'avait agressé et le fin pique à brochette se brisa. Le voleur fit un bond en arrière en étouffant un cri de douleur. La naine ne sut vraiment que faire maintenant qu'elle était désarmée, surtout lorsqu'elle vit une lueur brillante dans la cape du sombre personnage. À présent soit elle aurait besoin d'aide soit elle devrait user de ses soit disant talents de tueuse pour se sortir de ce mauvais pas.

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Alors que le jeune Prince sous la Montagne s'attendait à une réponse lui indiquant à quoi ressemblait le voleur, il eut la surprise de voir Dame Korîs lui répondre sèchement :

─ Je ne supporterait pas que l'on me sous estime ainsi, ni que l'on me donne des ordres, serai-ce le fait que vous êtes prince je ne l'accepte tout de même pas à moins que cela soit à d'autres sujets. Si je souhaite me rendre dans cette ruelle, je le ferais, et d'ailleurs, je vais le faire !

Ce n'était guère prudent de la part de la jeune naine se parler ainsi à son Prince. S'il avait été un tant soi peu susceptible - à l'image de Dáin II - l'histoire aurait pu mal tourner avant même qu'elle n'ai pu prononcer un mot. Heureusement pour elle, Thorin était connu pour être bien plus réfléchi que son père, aussi se contenta t-il de rester de marbre tandis que la naine s'élançait dans l'auberge. D'un coin de l'oeil, il capta le regard amusé des gardes qui l'entouraient, et ne s'offusqua pas de les voir rire d'une situation pour le moins cocasse. Rare étaient ceux qui auraient osé parler d'une telle manière à leur Prince, c'était bien là un caractère féminin tout affirmé ! Tandis qu'un léger sourire pointait sur ses lèvres, il vit Dame Korîs revenir - armée d'une étrange fourchette - et se lancer à la suite de son voleur :

─ Si l'envie vous en prend de me suivre, faites le. Je n'en ai cure, lança t elle au prince en haussant les épaules.

Ce disant, elle s'éloigna dans la ruelle sombre. Durant quelques instants, le Prince sous la Montagne resta immobile, puis il fit signe à ses gardes, et se mit en route à son tour. Il ne comptait pas laisser la jeune naine croupir là, car aucun doute ; son voleur l'attendrait derrière une porte, prêt à lui sauter dessus. Simplement, il voulait laisser Dame Korîs se rendre compte de la situation dans laquelle elle venait de s'empêtrer. La peur était le meilleure moyen de retenir une leçon. Tandis que le Prince avançait d'un pas sûr, suivi de ses gardes, une silhouette sombre jaillit, se jetant sur la jeune naine. Cette dernière tenta de répliquer en assénant un violent coup de fourchette à son agresseur - qui poussa un grognement de douleur - avant de se retrouver désarmée, et en bien mauvaise position. Volontairement, les nains ne s'étaient pas manifestés, autant pour surprendre le voleur que pour faire croire à Dame Korîs qu'elle était seule.

Néanmoins, Thorin n'était pas de ceux qui aimaient prendre trop de risques, aussi se décida t-il. D'un bref sifflement, il autorisa l'un des nains à se servir de son arc. Dans l'instant qui suivit, une flèche à l'empennage rouge vînt se planter entre les jambes du malfrat, juste sous ses attributs, si bien que le malheureux poussa un juron de surprise, et n'osa plus bouger. Thorin ne put s'empêcher de lâcher un léger rire, avant de déclarer d'une voix légère :

─ Et bien Darund, je vois que tu n'as pas perdu la main.

Et tandis que le nain en question répondit en plaisantant, le Prince sous la Montagne fit signe aux autres gardes, qui s'empressèrent d'aller attraper le malfrat qui - de peur de voir une autre flèche décochée - n'osait pas bouger. Apercevant l'éclat brillant d'un objet dans la poche du voleur, Thorin fit le lien avec le bijou volé, et se dirigea vers le malfrat. Celui-ci, terrorisé, le regardait les yeux exorbités. Il craignait sans doute des représailles bien pire qu'une simple flèche entre les jambes, néanmoins le Prince se contenta de soutirer le bijou d'un geste rapide, ce qui fit sursauter le voleur. Se retournant vers Dame Korîs, il déclara d'une voix calme, mais sûr de lui :

─ Il semblerait que l'impulsivité ne soit pas toujours une bonne chose. Si j'étais vous, j'éviterai de recommencer ce genre de fantaisie, surtout en la présence du Roi.

Ce disant, il rendit le collier à la naine. Il n'était pas en colère, pas plus qu'il n'était réellement offusqué par le comportement de Dame Korîs, néanmoins son ton laissait entrevoir qu'il ne fallait pas s'y tromper. Aussi enjoué et ouvert qu'il pouvait être, il n'en restait pas moins l'héritier d'Erebor, et protéger ses sujets était l'une des missions qui lui tenaient le plus à cœur. Il ne tolèrerait pas de morts inutiles.

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