Darkness of the earth (SAURON)

Darkness of the earth

Partir, je dois partir. Quitter ces lieux le plus rapidement possible, comme me l'a demandé le seigneur elfe lorsqu'il m'a vue arriver, regagner les montagnes et leurs cachettes si familières. La forêt me manque, mais je ne peux malheureusement y rester, incertaine de mon devenir entre leurs branches quoique rassurantes. J'ai quitté l'elfe depuis deux jours et pourtant, je ne vois toujours pas les Montagnes Brumeuses dans lesquelles j'étais cachées jusqu'à présent. À croire que mon chemin a été plus long que je ne le pensais la première fois, mais je ne peux toujours pas prendre le risque de m'envoler. Rien que l'éclat de mes écailles à la lumière du soleil pourrait attirer les curieux ou faire fuir les froussards. Je me contente donc de marcher, comme avant que je ne pense reconnaître la forêt, tentant de soulever le moins de poussière possible et d'effacer toutes mes traces. Je reste à la lisière des arbres, ne souhaitant pas m'aventurer trop à découvert et comptant sur l'ombre qu'ils m'offrent pour réduire la lueur bleue de mon encombrante parure. Toujours se cacher, fuir... C'est ainsi que je vis et le seigneur elfe m'a bien fait comprendre, de part son animosité certaine au début de notre rencontre, que ce n'était pas prêt de changer... À moins que je ne m'en montre digne. Oui... Je prouverai aux autres races que je mérite leur confiance, que je ne suis pas la copie conforme des autres représentants de mon espèce, qui

semaient désordre et chaos partout où ils passaient. Je suis capable de faire le bien, d'apporter autre chose que la désolation. Je ne peux cependant pas arriver comme ça et déclarer que je fais la guerre aux côtés des forces libres, ce serait de la folie. Non, je dois agir dans l'ombre pour le moment, attendre de pouvoir être utile aux autres.
Je finis par m'arrêter, m'asseyant en penchant le cou. J'ai trop marché, je n'ai pas mangé depuis près de trois jours et, bien que l'eau n'ait pas manqué, je le ressens bien. Je n'y tiens plus, mon regard s'attarde de plus en plus souvent sur la forêt, que je me suis promis de ne pas pénétrer. Je fais un pas, puis deux, et finis par me faufiler comme je peux entre les grands arbres de la Forêt Noire. Je prends garde à n'abîmer aucun arbre, pose mes pattes avec plus de précautions encore que lorsque j'étais dans la plaine. Mes recherches finissent par porter leurs fruits : un cerf qui me tourne le dos et ne se doute de rien. J'ai juste à tendre le cou, lentement pour réduire le bruit du frottement de mes écailles, et à refermer mes crocs sur l'animal.
Après mon repas, j'ai enterré les restes de mon cerfdans la forêt et suis retournée dans la plaine. Me voici donc à présent allongée à même le sol, dans une sorte de crevasse qui, je l'espère, me cachera un minimum. La queue et le cou collés contre mon corps pour paraître plus petite, je me fige lorsqu'il me semble entendre un froissement au dessus de moi. Je ne bouge plus, ferme même les yeux, prie presque pour espérer que la chose qui survole la zone (s'il y en a bien une) ne repère pas l'éclat saphir de mes écailles. Ce me semble cependant peine perdue; malgré ma position et l'aspérité du sol qui me cache un minimum, je suis bien trop visible. Je n'attendais pas un visiteur du dessus, plutôt un du sol. Me voici bien en galère...

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